« Rubens, Poussin et les peintres du XVIIème siècle » au musée Jacquemart André

Au premier étage de l’Hôtel particulier du musée Jacquemart André, se tient l’exposition temporaire « Rubens, Poussin et les Peintres du XVIIème siècle ». Derrière ce titre prometteur, sont réunies une soixantaine d’œuvres illustrant le passage du baroque au classicisme.

Les deux grandes figures de l’exposition, Rubens et Poussin, encadrent cette évolution majeure dans l’histoire de l’art. Ils sont entourés de contemporains français et flamands peut-être moins connus, parmi lesquels ont retrouve les frères Le Nain, Pourbus ou Le Sueur.

L’idée est de montrer dans un premier temps l’influence et les apports de la peinture baroque flamande sur les artistes français. Ainsi, la couleur prend une place incontournable dans la composition des tableaux : désormais, elle donne vie aux personnages. Jusque là, elle était inférieure par rapport au dessin, à tel point qu’elle n’était pas enseignée à l’Académie royale de peinture et sculpture.

Un autre changement, remarquable lui aussi, est l’attention nouvelle portée à des genres moins nobles que la peinture d’histoire ou ayant trait à la mythologie. La hiérarchie effective jusque là est bouleversée, et les natures mortes, les portraits et les paysages remontent dans l’estime des peintres et du public, donnant à voir une peinture plus proche du quotidien.

Les commandes royales de l’époque témoignent du succès indéniable de ce mouvement. Les peintres français à leur tour, comme les frères Le Nain, suivent cette tendance et s’attardent sur des scènes de genre. Pour autant, la poésie résiste peu face à la raison, encore prégnante, et Nicolas Poussin rétablit une peinture plus intellectuelle, qu’il fait parvenir de Rome.

Si les paysages et les méthodes coloristes sont retenus, les sujets tirés de l’Antiquité reviennent en force, conduisant le spectateur à méditer sur sa propre condition. La ligne prend le dessus et l’influence s’inverse : désormais, ce sont les peintres flamands qui se réfèrent à l’identité picturale des Français.

Cette évolution, largement illustrée, est très didactique dans les quelques salles qui constituent l’exposition. Les peintures sont souvent mises en regard et ordonnées de telle sorte que les étapes se distinguent clairement les unes des autres. Pour autant, on peut regretter une tension rapide vers le classicisme, qui frustre les amateurs d’art baroque.

F.

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