« Les Fables » de La Fontaine au Bois des Moutiers

Ces lumières qui vacillent, ces voix qui chantent chaque mot et ces gestes figuratifs nous sont de plus en plus familiers. Encore une fois il s’agit d’un spectacle dit « baroque », dont Benjamin Lazar connaît la recette. Après Le Bourgeois, après Cyrano et après Pyrame et Thisbé, voici les Fables de La Fontaine.

Quelque part en Normandie, au Bois des Moutiers dans la commune de Varengeville, de nombreux fidèles ont vaincu la pluie pour venir écouter ces textes que notre oreille connaît et qu’on ne se lasse pas de découvrir. Le Festival « Académie Bach », reconnu dans le milieu de la musique, a ouvert ses portes à des inconditionnels du XVIIème siècle, le Théâtre de l’Incrédule.

Point de fauteuils rouges et point de rideaux, ce soir : pour une fois, les bougies sont allumées devant nous. L’estrade n’est pas grande et il n’est pas question de multiplier les entrées et sorties. Tout réside donc dans les déplacements autour de la source lumineuse et en fonction du public.

Tour à tour ou en dialogue, Louise Moaty, Alexandra Rübner et Benjamin Lazar sont des lions, des loups, des cigales ou des lièvres. Ils incarnent l’univers du moraliste et font entendre sa voix entre deux aventures. Des plus célèbres aux moins étudiées, leur oralité et leur théâtralité résonnent sans l’ombre d’un doute.

 

Si les sujets sont peu gais – la faim, la mort, la pauvreté –, le grotesque amène malgré tout le rire du spectateur qui se sent à l’abri. Parmi la vingtaine de Fables déclamées, il y en a pourtant forcément une qui touche un caractère, un défaut et vient remettre chacun à sa place. Fourmi peu prêteuse ou tortue prétentieuse, si ces textes nous parlent toujours autant c’est bien qu’ils sont universels.

La qualité du spectacle est bien sûr de nous les faire réentendre, quand on croit les connaître, et de nous en faire découvrir d’autres. Il arrive qu’ils soient trop emmêlés dans l’inconnu, mais leur enchaînement peut révéler de jolis liens. C’est aussi l’occasion de se rappeler qu’outre les animaux, des humains, des dieux et des personnages mythologiques sont invoqués par La Fontaine.

Par la nature du cadre, moins propice au théâtre qu’à la musique, ce spectacle est une prouesse. La maîtrise de l’espace est indispensable, et donne ainsi à voir que les gestes et les déplacements sont encore plus approfondis qu’auparavant.

 

 

F.

 

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