Le metteur en scène Arnaud Denis a fait le pari de revisiter la célèbre pièce de Molière, et le résultat est mitigé. Le décor, pour le moins décevant, laisse la part belle aux acteurs, qui ne désemplissent pas dans leurs beaux costumes.
Les Femmes savantes, c’est un débat sur la culture, au sens d’éducation. Les pédants y sont mis à mal, ainsi que les cuistres et autres littérateurs maquillant leur ignorance par de belles paroles creuses. En plus de cela, il y a l’intrigue amoureuse et les questions de pouvoirs au sein du foyer qui divisent les personnages : le tout est assez explosif.
Ainsi, les livres volent à tous vents à travers la scène, le ton monte rapidement et on n’en finit pas d’entendre des arguments soutenant telle ou telle opinion. La faute à Molière ou à la mise en scène ? Un peu des deux sans doute. Mais puisqu’il est de coutume de laisser les morts en paix, on accusera les comédiens, trop passionnés et trop jeunes peut-être.
A leur décharge, il faut bien trouver le moyen de rendre les vers de Molière aussi fluides que possible, face à cette assistance de lycéens assez hermétique à ce qui prend trop de détours. Le parti pris est donc probablement de rejouer un classique pour ceux qui peinent à l’étudier.
On appréciera malgré tout la figure matriarcale, Jean-Laurent Cochet, qui n’a de femme que les atours et qui incarne parfaitement le « véritable dragon » qu’est Philaminte. La terreur qu’elle provoque autour d’elle fait rire, ainsi que ses faiblesses pour de pauvres vers.
Enfin, la surprise finale de voir deux ou trois beaux tableaux silencieux avant que le rideau ne se ferme nous rappelle qu’il est tout de même bon de pouvoir apprécier cette pièce sur les planches.
F.
Pour ma part, j’ai apprécié le jeu des personnages (et le casting !!), les costumes et les éclairages quand ils se nuancent de demi-teintes… C’était aussi une belle occasion de (re-) voir à quel point le texte de Molière est d’une actualité encore étonnante !
J’ai vu ce spectacle à Paris et l’ai beaucoup aprécié. Je préfère pour ma part des acteurs passionnés plutôt que mous, comme c’est la mode ambiante. Au moins il se passe quelque chose. Petites remarques journalistiques: puisque vous êtes critique, vous devez accepter qu’on vous en adresse quelques unes. Il serait bon de préciser dans quel lieu le spectacle se joue, c’est d’usage. D’autre part, un résultat n’est pas « mitigé ». Votre avis peut l’être. Enfin, quand vous parlez d’un comédien, je fais référence à la « figure matriarcale », il vaut mieux le citer, surout si vous rendez hommage à son travail. C’est la moindre des choses il me semble. « Il faut mettre le poids d’une vie exemplaire aux corrections qu’aux autres on veut faire. » Etre critique, c’est bien connaître son métier avant que se mêler de mieux connaître celui des autres.
Je ne prétends pas être critique, mais vos commentaires sont pris en notes !
Dans le genre passionnés et pas mou du tout, j’ai vu le spectacle de Boujenah à l’Olympia hier et j’ai ri deux heures durant. Mime, imitation, chant, danse, diction, intelligence du texte… Tout était formidable, le public sous le charme, tout cela m’a réconcilié avec l’actualité théâtrale… Alors Molière aujourd’hui me semble un peu dépassé, rabâché et pas si actuel que ça.
Vous avez fait erreur: le comédien qui joue Philaminte est Jean-Laurent Cochet, l’un des plus renommés parmi les professeurs de théâtre, une « légende vivante » du théâtre français. Jean-Pierre Leroux jouait Chrysale.
J’ai pour ma part trouvé cette mise en scène d’une pièce de Molière en effet assez intellectuelle, excellente, et presque indépassable.
En effet, c’était bien Jean-Laurent Cochet dont j’apprécie beaucoup le travail. Je modifie et vous remercie de m’avoir signalé l’erreur !