« L’écume des jours » par le Collectif La Bouée

Mettre en scène le roman quasi fantastique de Vian, L’Ecume des jours, c’est un défi. Béatrice de la Boulaye rend cela possible dans un décor coloré et crêpé.

Dès le début, le public est mis en garde : pas de quatrième mur pour ce spectacle. Le bruiteur et la scénographe sont sur scène et guident les acteurs dans leur jeu à partir du roman même. Il y a donc des hésitations, des reprises, et beaucoup d’humour.

Dans leurs costumes en polystyrène, Colin, Chloé et tous leurs amis prennent vie, se mouvant parmi des cubes de tailles différentes qui sont tour à tour la chambre, le lit, la rue, la piste de danse ou la voiture.

A quoi s’accrocher ? Au texte, bien entendu. Il est étudié en direct, questionné, mis en gestes et c’est la plus belle façon qu’on aurait imaginé pour le redécouvrir. Les phrases sonnent, la musique rythme et les sons guident les gestes muets.

Il arrive que des nuages fassent leur apparition, mais surtout, le nénuphar qui est dans la poitrine de Chloé envahit la scène sous forme d’air emprisonné dans un plastique mouvant. C’est bien la représentation qu’on avait de la fin du livre, où l’espace se réduit à mesure que la maladie gagne du terrain. L’étrangeté dans la lecture prend forme, rien ne manque.

Le seul regret, c’est l’accent hispanisant de Chloé, qui est trop spécifique pour coller notre imaginaire. Mais c’est infime face à la prouesse sonore et scénique.

 

F.

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