« Né dans la rue – GRAFFITI » à la Fondation Cartier

 Il faut du temps pour profiter pleinement de l’exposition de la fondation Cartier, « Né dans la rue, GRAFFITI ». En effet, elle ne se contente pas de revenir sur les débuts de cette forme d’art controversée, elle propose aussi une comparaison avec le graffiti d’exposition, ainsi que des films riches sur des mouvements proches ou annexes comme les Pixadores de Sao Polo.

Affiche GraffitiLa visite commence dès le boulevard Raspail. La façade de l’établissement Cartier est une première manifestation du tag. La fondation a proposé à des adeptes de s’exprimer sur ces panneaux mis à leur disposition. Explosion de couleurs, de formes, de graphes.

Nous entrons et commençons par la partie historique, au sous-sol. Une ambiance de métro reconstituée par la lumière sombre et les tags authentiques dans des espaces réservés, mais le tout très ordonné finalement. Entre textes, vidéos et photos, il y a de quoi plonger en profondeur dans les racines de cette tendance.

Né autour de 1970 dans les rues de New York, le graffiti est vite la propriété de jeunes ayant le besoin de s’exprimer, de façon de plus en plus grande, de plus en plus visible et finalement de plus en plus esthétique. Ça commence avec le surnom du taggeur et son numéro de rue et ça évolue jusqu’à des styles compliqués, plus recherchés. Les moyens eux aussi évoluent pour faire toujours plus vite et toujours plus voyant.

L’expression n’est pas la seule motivation de ces jeunes de Brooklyn et du Bronx, dans une Amérique au bord de la crise. Les témoignages de graffeurs, aujourd’hui adultes, nous apprennent que c’était une façon d’échapper à la violence, plus présente et plus visible. C’est un refuge dans l’art non-élitiste et dont la portée se veut tout aussi large. D’où le progrès vers de l’esthétique.

FaçadeOn y voit aussi des témoignages forts sur les risques encourus par certains, qui les ont conduits à la mort. C’est toute une communauté qui se met en place, qui communique à travers leurs tags, sans parfois même se connaître. Ils se respectent les uns les autres et se concurrencent sans se marcher sur les pieds.

Au rez-de-chaussée, est montrée l’influence du graffiti dans l’art contemporain. On quitte un des fondements majeurs du mouvement, la rue, pour se retrouver en salle. C’est peu convaincant mais intéressant.

Enfin, au même étage, sont diffusés en continu des films très divers. On y voit des court-métrage montrant le graffiti en train de se faire, à partir de l’idée d’origine, ou le travail d’un artiste au Brésil dans tout son village.

Le plus long est celui des Pixadores de Sao Polo. On apprend que l’intention n’est pas la même, dès l’origine. C’est en réaction à des faits, plutôt politiques, que ces jeunes prennent des risques considérables pour faire entendre leur voix, sans grand esthétisme, autre que la calligraphie.

Une exposition complète, donc, qui prend bien tout une après-midi. Au bout de plus de deux heures, on ressort les yeux élargis sur notre environnement quotidien.

F.

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