« La Femme rompue » de Beauvoir incarnée par Evelyne Bouix

Un fauteuil et son coussin pour décor, de la lumière, quelques effets sonores, c’est tout ce qui accompagne Evelyne Bouix. Elle incarne une femme de 43 ans, en face à face avec sa solitude, le soir du nouvel an. Au-dehors, la vie qui palpite, les voitures dont les portes claquent et les voix des passants. Au-dessus sa famille qui danse, s’embrasse et rit.

Entre souvenirs amers et espoirs heureux, Murielle est torturée, le titre parle de lui-même. Ses amants, ses enfants, sa mère, tous l’ont abandonnée, reniée. Elle est livrée à elle-même, ne trouvant aucune échappatoire, se soulageant en criant, en pleurant et en insultant. C’est une nuit comme une autre pour elle, où elle se fiche de la misère du monde et elle se désespère de ne pouvoir dormir pour oublier un peu.

Il faut oublier toutes les injures qu’on lui a faites, tous les affronts. Elle est prête à pardonner, se convainquant qu’elle aurait été une bonne mère, une bonne épouse si on l’avait aimée. Elle se moque cruellement de ceux qui disent de « belles paroles » et qui voudraient qu’on y croie. C’est une femme intègre, « entière » comme elle dit, un morceau brut de réalité qui ne supporte pas les hypocrisies de son époque.

Complétant toutes les parties du texte, didascalies et interlocuteurs, Evelyne Bouix se déchaîne 1h10 devant nous. Entre larmes, cris et humour sarcastique, l’accroche n’est pas évidente et certains déclarent forfait. La sincérité qu’elle offre est dure à supporter, elle bouscule nos petites vies biens tranquilles de spectateurs… C’est pourtant un remarquable témoignage, empreint d’une actualité étonnante et divinement interprété.

F.

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