« La Devinière », la maison de Rabelais à Chinon

A l’Ouest de Tours, perdue dans les vignes, résiste La Devinière : c’est le nom de la maison qui accueillit François Rabelais en son sein. Datant du XVème siècle, elle est située à Seuilly, là où se passent la plupart des aventures de Gargantua. Rabelais y a débuté sa vie jusqu’à ce qu’il parte à Angers, puis Montpellier, dans son initiation à la médecine.

Le pigeonnier de la DevinièreSi l’ancienneté de la maison lui fait perdre de sa richesse originelle, la reconstitution d’ensemble est efficace sur l’imagination du lecteur. Toute l’œuvre de Rabelais prend ainsi forme dans son esprit, selon le modèle inspiré par la réalité. La riche iconographie conservée fait part de cette grande époque que fut l’humanisme, autour de la figure d’Erasme. Manuscrits et portraits d’écrivains viennent élargir le cercle de la visite à l’ensemble d’une ère intellectuellement riche.

Bâtisse rectangulaire, sur deux étages, dont on accède au second par l’extérieur, le tout est couronné d’un pigeonnier aux nombreux trous, marque de richesse. Dans une pièce, la cheminée, dite de Grandgousier par ses dimensions, annonce la couleur des personnages qui animent les récits de Rabelais. Au second étage, plus intime, se trouvent la chambre de l’auteur et celle de ses parents. Tout au long de la visite, les devises multiples du bon vivant ornent les murs, invitant à adopter les mœurs du bonhomme.

Les caves sont le siège des géants, héros de l’auteur. La hauteur de plafond mais aussi la mise en scène de personnages en cartons et de bouteilles de plus en plus grosses donnent vie au lieu d’origine plutôt sombre ; les autres activités sont elles aussi reproduites, notamment l’extraction de pierres. Les vignes, quant à elles, semblent être le décor le plus fidèles des guerres picrocholine où triomphe frère Jean, dans  Gargantua.

La visite est l’occasion d’apprendre l’origine de l’expression « se faire pigeonner » : Dans les anciennes bâtisses, le pigeonnier se devait d’être à l’image de la propriété : autant de trous que d’hectares. Afin de multiplier les chances demandes en mariage, les propriétaires trichaient sur ce nombre, augmentant considérablement la dot de leur fille, en apparence seulement.Le fiancé était alors pigeonné lorsqu’il découvrait la véritable taille de la propriété… après le mariage !

Un lieu ludique et riche dans lequel résonne presque le rire légendaire de Rabelais.

F.

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