« L’Orestie » d’Olivier Py

Olivier Py, dramaturge, acteur et metteur en scène de sa dernière pièce reprend avec ses mots la trilogie d’Eschyle, L’Orestie.

OrestieL’histoire tragique de la grande famille des Atrides, maudite depuis des générations se manifeste sous les yeux du spectateur dans ce qu’elle a de plus traditionnel et de plus moderne. Autour d’Agamemnon, d’Iphigénie, de Clytemnestre, d’Oreste et d’Electre, les éléments se déchaînent sur scène : les flammes pour le feu, la pluie pour l’eau, le sable pour la terre et la parole pour l’air.

L’air c’est le souffle que nous envoient les acteurs, ou plutôt, la bourrasque qu’ils imposent. Le texte n’est, en effet, pas simplement prononcé mais véritablement déclamé, rappelant les procédés de la Grèce antique : le masque porteur de la voix. La seule différence c’est que même sans crier, on les comprend. Au sortir les maux de têtes ne sont pas exceptionnels. Dans la même lignée, les costumes, qui remplacent les toges, sont sobres et de couleurs unies, portant tout l’intérêt du spectateur sur ce qui est dit.

Les dialogues sont de grandes tirades qui s’enchaînent, ce qui expliquerait l’importance donnée à la mise en scène. Le décor, tout en hauteur, est changeant, et ses constituants sont multiples. S’il vient illustrer les propos, au risque de les étouffer, certains abus viennent au contraire délocaliser la pièce dans une époque trop moderne.

Au bout de la troisième partie, on a envie de s’écrier : « Why so naked ? » [pourquoi tant de nudité ?]. Entre Cassandre dans Agamemnon, et Oreste dans Les Choéphores et Les Euménides, l’anatomie humaine n’a plus de secrets pour personne.

Les acteurs sont véritablement animés par l’antique hybris, la démesure, modérée par le chœur. Car, en plus d’une fidélité certaine au texte d’origine, la pièce intègre aussi les intermèdes musicaux traditionnels, chantés par un quatuor de qualité, accompagné d’un orchestre qui domine la scène, tels des dieux. La traduction de ces chants vient éclaircir l’avancée de l’intrigue dont, bien qu’on en connaisse la trame, on perd le fil par une telle mise en forme.

Les trois étapes de la pièce portent préjudice à Olivier Py, en repartant le spectateur connaît les ficelles du metteur en scène et est lassé des procédés utilisés. Les constantes sont faciles à discerner, surtout celles qui jouent sur le caractère éphémère des éléments et qui au passage viennent provoquer le dégoût et l’indignation. Il faut croire que la catharsis a été effective…

F.

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