« Le Diable Rouge » avec Claude Rich

Voilà un moment que la pièce tourne, et il est difficile de s’y rendre l’esprit neutre et neuf. Entre les critiques et les Molières du décorateur/scénographe et du créateur de lumière, l’impression est d’avance positive.

Le rideau s’ouvre, et en effet, le décor est majestueux. Ce n’est pas tant le sol en rosace qui imite un marbre, ni les paravents ornés de peintures d’époques, mais c’est le miroir incliné au-dessus de la scène, qui donne au regard une double entrée : frontale et plongeante.

Déjà, on est comblés ! Le miroir, ce symbole très baroque, représentatif de la cour de Versailles entre flatteries et complots, ainsi que du goût pour les parures, s’inscrit de façon tout à fait naturelle et évidente. Il met en valeur les plis des étoffes qui drapent les comédiens, leurs déambulations, leurs gestes les plus infimes.

De la chambre de Mazarin aux couloirs du palais, le cardinal, son intendant, sa nièce Marie, Colbert, la Reine Anne d’Autriche et le jeune Louis XIV, dialoguent chacun leur tour au cours de trois moments. Nous sommes au crépuscule de la vie du Premier Ministre, et sa dernière mission est de mettre fin à la guerre d’Espagne qui dure depuis trente ans, et ce, en mariant le roi avec l’infante d’Espagne.

Entre intrigues politiques et débats amoureux, les passions évoluent mais Mazarin reste le même. Il se sait désaimé des Français et n’a plus l’intention de changer cela. Avec légèreté et humour, il mène à bien les affaires de la France, tout en ayant soin de préparer son départ pour l’au-delà. Le diable rouge ressemble plus à un bouffon mais c’est nécessaire dans cette atmosphère pesante de cour.

 Le petit aperçu qu’il nous est offert de l’histoire à travers cette pièce, est léger mais plaisant. Le texte n’est pas d’une grande poésie, et tend plutôt à une modernité qui amuse. Claude Rich vient donner une grande part de sa valeur à cette œuvre, car son jeu est juste et l’on a du mal à en imaginer un autre que lui dans ce rôle. On se pose la question : que vaudrait la pièce sans lui ? Mais on applaudit quand même à toutes volées.

F.

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