« Les Caprices de Marianne » par la compagnie Azzopardi

Ils sont six sur scène. Ils chantent, font de la musique et jouent. Nous sommes à Naples, pendant le Carnaval, et aux déguisements de la fête se mêlent les intrigues amoureuses.

Les pièces de Musset sont connues pour être difficiles à monter. De fait, refusant l’unité de lieu et de temps, c’est une prouesse de suivre le texte tout en le donnant à voir. Les Caprices comme Lorenzaccio sont des « pièces de salon », comme les décrit le poète qui renonce à les voir jouées sur scène.

Ici, les rôles se partagent les mêmes comédiens et l’espace est le plus neutre possible. Ce sont les effets de lumière et les voiles transparents qui marquent les différents moments. Chaque scène est encadrée d’intermèdes musicaux qui contribuent à mettre en place une atmosphère de passion.

C’est bien là le sujet. Coelio aime Marianne, qui aime son mari et refuse de le tromper. L’amant charge son meilleur ami, Octave, de se faire l’interprète de son cœur. Les échanges sont multiples et ont lieu au détour de tous les coins de la ville.

De l’amour à la mort il n’y a qu’un pas. L’ambiance festive du printemps d’un amour laisse place aux noirceurs du désespoir et des sentiments contradictoires. Ceux qui chantaient et dansaient à tous vents deviennent le cortège funèbre d’une passion rejetée. L’amitié n’a pas même su sauver Coelio pour un malentendu.

La performance des artistes est surtout louable dans la comédie, et l’intonation d’Octave se prête moins bien aux accents dramatiques de la fin. Leur joie de vivre et de jouer est difficilement dissimulée quand il s’agit de servir le texte.

Malgré cela, les facettes multiples de la pièce de Musset sont reproduites par la mise en scène. Il y a du baroque et du romantisme, du tragique et du comique. On ne sait trop à quelle époque l’on est, mais le discours, comme souvent avec cet enfant du siècle, est intemporel. Quand il s’agit de parler du cœur, peu importe le lieu ou l’époque.

 

F.

 

 

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