Au coin d’une petite place, derrière une grille bleue étouffée de verdure, se cache la maison de la fameuse Tante Léonie. Il faut y entrer pour le voir, car de l’extérieur peu d’indices laissent deviner que ces lieux sont ceux qui ont inspiré Proust.
Le jardin, bien plus modeste que les descriptions de Marcel, ouvre sur une façade pittoresque, rose, aux penchants mauresques. D’emblée, on y voit la tendance orientaliste du moment, qu’ont partagée Flaubert, Alexandre Dumas et tant d’autres.
Car, en effet, avant d’être la maison de la Recherche, elle appartient à l’oncle, Jules Amiot, passionné par l’Algérie. Son orientalisme ira jusqu’à lui faire construire un hammam, attenant à l’orangerie, un des premiers du siècle !
La conférencière nous met en garde. Proust est un romancier et son œuvre est une savante recomposition de la réalité multiple. Les prénoms et les noms sont changés, les lieux sont confondus et le résultat est un syncrétisme complexe entre sa vie, ses souhaits et son imagination.
La maison d’Elisabeth et de Jules Amiot est le premier théâtre de cette création artistique. C’est là que le petit Marcel a passé ses vacances de Pâques et d’été, entre 6 et 9 ans, jusqu’à ce que son asthme le porte à Cabourg.
C’est à partir du premier volet de la Recherche, Du côté de chez Swann, que la Société des Amis de Marcel Proust a entretenu cette maison, recomposant dans le détail les scènes mémorables de son enfance.
On retrouve, pêle-mêle, la salle à manger devenue salle de lecture, la lanterne magique, les livres de Sand, la madeleine et la cafetière à corselet dans la cuisine de Françoise. On s’y croirait. A chaque pièce, un épisode, que ce soit la cuisine, la chambre de Tante Léonie ou les fameux escaliers qui éloignaient l’enfant de la mère.
Quelle authenticité par rapport à ce que Proust a vraiment vécu ? On ne peut le dire. Mais la maison fait revivre son œuvre de son mieux et donne l’envie de s’y replonger. La quête a atteint son but : le Temps est bien Retrouvé, ou du moins une partie.
F.
Diaga aimerait cet article !
on y retournerait volontiers ….. 🙂
Comme je suis nulle en géographie, j’ai regardé sur la toile où était ce village:
Illiers, en Eure et Loir, est située sur la rive gauche du Loir, à 25 km de Chartres.
Je crois que le nom du village s’est enrichi de « Combray » grâce à Proust fils… Merci à F. car je ne savais pas que ce lieu existait. Il doit être en tout cas plein de l’âme de notre écrivain et forcément en cela authentique.
Solannne