Autofiction théâtrale : de l’écriture au plateau, enquêtes sur le passé dans « 10 millones » de Carlos Celdrán
Article paru dans le n°185 de la revue de théâtre latino-américain Conjunto, dans le dossier "Document, témoignage, autoréférence"
« Je ne suis pas l’auteur. Je n’ai pas écrit ce texte. Je le dis en son nom. Au nom de l’auteur. De celui qui a écrit les mots que je dis en ce moment. Ceux-là ». Telles sont les premières phrases du personnage désigné comme “L’Auteur”, dans l’oeuvre de Carlos Celdrán, 10 millones. D’entrée de jeu, un hiatus surgit entre le comédien et le rôle qu’il interprète, qui invoque en outre la figure de l’auteur du texte qu’il prononce. Une béance qui met en valeur la question de l’écriture et la place au cœur du spectacle.Le jeu, essence du théâtre à l’ère du cinéma selon Denis Guénoun
Si le personnage, ou au moins son efficacité, sa puissance imaginaires (et avec lui tout l’appareil de ses lieux, temps, actions supposés, ou au moins leur capacité d’envoûtement), ont déserté l’espace de la représentation théâtrale, cela signifie que sur scène, désormais, ne reste que le jeu. Bien sûr, on y croise encore des personnages, et des effets imaginaires liés aux rôles. Mais ce sont désormais des effets secondaires, qui ne soutiennent plus la singularité du théâtre, et ne portent plus en eux, ni avec eux, la raison de sa nécessité.Dostoïevski théâtralisable ? Copeau, Camus et Macaigne, entre attirance pour le théâtre et stimulation pour la scène
Article paru dans la revue Fabula-LhT, n°19,
Les Conditions du théâtre : le théâtralisable et le théâtralisé, dir. Romain Bionda, en ligne, 2017.
Dostoïevski est fait pour la scène. Non seulement il est fait pour la scène, mais Dostoïevski a toute sa vie voulu écrire pour la scène.…
Hemingway à La Havane : entre mise en scène de l’émotion et évocation d’une présence
Article paru dans la revue en ligne Itinéraires (2022-1), « Les émotions littéraires à l’œuvre : lieux, formes et expériences partagées d’aujourd’hui »
(Actes du colloque international « Émotions littéraires, émotions patrimoniales : maisons d’écrivain, musées, expositions et lieux de mémoire littéraires »
qui s’est déroulé les 1er et 2 décembre 2016 au Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis).…
« Le Retour du tragique » de Jean-Marie Domenach [extrait] – éloge de l’ambigüité, de la contradiction, de l’indécision
La tentation est grande d’opposer au mouvement du monde nos principes inamovibles. Curieusement : c’est que ce demande aux intellectuels une société en plein changement : des doctrines stables, où les énigmes trouvent leur solution, les peines leur consolation. On connaît le succès des grands systèmes rassurants : le teilhardisme succède dans cet emploi au marxisme qui donne un moment à notre jeunesse la griserie de tout intégrer, de tout comprendre.…
« En miettes » en scène
Après sa création en janvier 2017 dans l’Oise, En miettes a été programmé deux semaines au Théâtre de Belleville, du 7 au 18 mars. Deux ans après nos premiers échanges dramaturgiques avec Laura, en février 2015, le spectacle a donc vu le jour et a été soumis au regard des spectateurs – certains désireux de découvrir le projet dont ils entendaient parler depuis longtemps, d’autres entraînés par le bouche-à-oreille, et même quelques-uns venus là par l’effet du hasard, peut-être.…
Le théâtre, un alcool – Georges Banu
Remarque pertinente : tout art se distingue par un manque. Un manque propre qui le définit et invite celui qui s’adonne à l’exercice de cet art, pour le pratiquer ou le consommer, à l’intégrer et à le dépasser. Parce qu’il y a manque, l’art se dissocie de la vie.…
Camus à l’avant-scène
Le 20 avril 1959, l’émission télévisée Gros Plan vient au Théâtre Antoine filmer les répétitions de Camus pour sa pièce Les Possédés, d’après Dostoïevski.
Plusieurs photographies ont été prises à l’occasion, tant du tournage de l’émission que du travail de Camus à l’avant-scène.…
L’acteur, homme absurde selon Albert Camus
L’acteur a trois heures pour être Iago ou Alceste, Phèdre ou Glocester. Dans ce court passage, il les fait naître et mourir sur cinquante mètres carrés de planches. Jamais l’absurde n’a été si bien ni si longtemps illustré. Ces vies merveilleuses, ces destins uniques et complets qui croissent et s’achèvent entre les murs, et pour quelques heures, quel raccourci souhaiter qui soit plus révélateur ?…