Étiquette : vision

« Le Tartuffe » de Molière, mis en scène par Guillaume Séverac-Schmitz au Théâtre de Châtillon – énergie combattive

Après Richard II de Shakespeare et La Duchesse d’Amalfi de John Webster, contemporain de Shakespeare, Guillaume Séverac Schmitz, qui a par ailleurs monté des textes de Lagarce ou Mouawad, est à nouveau invité au Théâtre de Châtillon avec une mise en scène du Tartuffe. Le projet lui a été inspiré par la rencontre avec les sept acteurs de l’AtelierCité, troupe éphémère rattaché au CDN de Toulouse. Pour les unir mais aussi les révéler, il a choisi une œuvre du répertoire, une pièce de Molière, en vers. Si l’ambition est à la hauteur des talents qu’il découvre, son projet ne repose pas sur le seul jeu d’acteur. C’est un véritable travail de mis en scène qu’il propose, attentif à la scénographie, aux lumières, aux sons et au rythme d’ensemble de la représentation, travail qui donne lieu à un spectacle abouti et profondément énergisant.
Lire la suite

« Le Bain » de Gaëlle Bourges au T2G – ecphrasis théâtrale

Après la figure de Vénus, après la tapisserie de La Dame à la licorne, après les grottes de Lascaux, Gaëlle Bourges explore avec les moyens de la scène de nouvelles œuvres appartenant à l’Histoire de l’art : Diane au bain de l’Ecole de Fontainebleau, et Suzanne au bain, du Tintoret. Pour ce diptyque qu’elle nomme Le Bain, l’artiste change d’échelle et passe de celle humaine des corps à celles de poupées. Alors que sa pratique, qui mêle théâtre, peinture, danse et musique, est déjà caractérisée par la transdisciplinarité, son spectacle se nourrit cette fois en plus de l’art des marionnettes. Elle crée ainsi un objet hybride, qui conjugue les corps dans l’espace et les actions dans le temps, ou la poésie et l’image, que Lessing avait soin de distinguer dans son essai d’esthétique Le Laocoon (1766).
Lire la suite

« Cataract Valley » de Marie Rémond aux Ateliers Berthier – « théâtre de la conscience et des voix intérieures »

Dans la mémoire d’un spectateur, certaines performances d’acteurs gardent un relief singulier malgré le temps qui passe. Elles s’y sont imprimées de manière durable, au point, qu’avec elles, on ne cherche jamais le nom qui d’ordinaire échappe, que l’on met un moment à retrouver, qu’on a sur le bout de la langue. Dans ces cas-là, le spectacle, et plus particulièrement le jeu d’un acteur, a acquis la force d’un souvenir intime, inoubliable, inépuisable presque. Tel était le cas de l’interprétation de Marie Rémond, lorsqu’elle jouait Yvonne, princesse de Bourgogne dans la mise en scène de Jacques Vincey. Son corps désarticulé, son immense fragilité soumise à une violence tout aussi grande, et en même temps la puissance de son idiotie qui trouble, désempare, et finit par exercer une violence comparable à ceux qui se confrontent à elle, étaient mémorables.
Lire la suite

« Cartas de amor a Stalin » de Juan Mayorga mis en scène par Abel González Melo – 1917-2017, de l’Union soviétique à Cuba

Le jeune dramaturge Abel González Melo, qui est aussi metteur en scène, crée à Cuba en cette rentrée la pièce de l’auteur madrilène Juan Mayorga Cartas de amor a Stalin (« Lettres d’amour à Staline »), écrite en 1997. Le spectacle révèle que l’histoire des relations russo-cubaines n’est pas entièrement reléguée dans le passé.…

Lire la suite