Étiquette : toile

« Le Malade imaginaire ou le silence de Molière » d’Arthur Nauzyciel à la Comédie de Reims – exalter la comédie, le jeu, le théâtre, pour soigner les malades et consoler les morts

Près de 25 ans après la création originale, Arthur Nauzyciel recrée sa toute première pièce : une mise en scène du Malade imaginaire de Molière, mise en dialogue avec un texte du critique, chercheur et enseignant Giovanni Macchia, grand passeur de Molière en Italie, dont les écrits ont été traduits en français. Cette reprise est programmée à la Comédie de Reims en ce début d’année, mais le spectacle pourrait donner l’impression d’avoir été créé il y a quelques mois seulement, tant la pertinence en paraît intacte. D’une grande intelligence dramaturgique et remarquablement joué – par des acteurs et actrices présents lors de la création, Catherine Vuillez, Laurent Poitrenaux et Arthur Nauzyciel, ainsi que par la 10e promotion du TNB que ces deux derniers ont formée – ce Malade imaginaire ou le silence de Molière offre un grand moment de théâtre.
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« Invisibili » d’Aurélien Bory au Théâtre des Abbesses – danse-théâtre-peinture

L’année 2024 est inaugurée avec un spectacle se situant aux frontières de plusieurs disciplines, que le Théâtre de la Ville choisit de placer sous la double étiquette « Théâtre/Danse », mais qui puise son inspiration dans une fresque du XVe siècle. L’héritage évident de Pina Bausch dans cette œuvre amène à envisager Invisibili, d’Aurélien Bory, sous le prisme d’une triple catégorie : danse-théâtre-peinture. L’artiste bâtit une dramaturgie erratique à partir de cette rencontre, comme il a pu le faire pour Espæce, ponctuée par des forte, mais aussi, hélas, des piano, qui surgissent dès lors que l’artiste se risque à esquisser un discours sur le monde actuel.
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« La Grande Marée » de Simon Gauchet au Théâtre de la Bastille – expéditions en terres englouties

Le Théâtre de la Bastille accueille la dernière création du jeune metteur en scène breton Simon Gauchet, par ailleurs également acteur et scénographe. La Grand Marée puise l’inspiration dans le mythe de l’Atlantide et propose une expédition dans nos cités englouties, réelles et métaphoriques. Le spectacle prend l’allure d’une expédition symbolique et scénique qui évoque à plusieurs égards celle proposée par les Dramaticules d’après le roman de René Daumal, Le Mont analogue, spectacle créé il y a quelques mois. Mais plus que la dramaturgie onirique que Simon Gauchet s’efforce de bâtir, les qualités de la Grande Marée reposent sur la scénographie et le jeu d’acteur.
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« Vider Vénus » de Gaëlle Bourges au Carreau du Temple – beau comme la rencontre fortuite sur une scène du strip-tease et de l’histoire de l’art

Au Carreau du Temple, sont repris les trois premiers spectacles de Gaëlle Bourges, sous la forme d’un triptyque intitulé Vider Vénus. Ces trois spectacles, Je baise les yeux, La Belle Indifférence et Le Verrou, ont été conçus entre 2008 et 2012 comme le rappelle une voix off, une fois les lumières de la salle éteintes, dont l’un des fils rouges qui les unit est la pratique du strip-tease. La voix off poursuit en précisant que le sujet était alors moins visibilisé qu’aujourd’hui, mais aucune modification n’a été apportée aux spectacles entre temps, et, pour déjouer leur caractère potentiellement périmé, elle invite à les aborder comme des archives, des documents du passé. Une immense pertinence se dégage pourtant du propos de ces trois œuvres, qui en outre se révèlent fondatrices dans le rapport à l’histoire de l’art que Gaëlle Bourges a tissé de manière extrêmement singulière tout au long de sa trajectoire. Un rapport d’appropriation des grandes œuvres par l’écriture, le corps et la scène, tout à la fois facétieux, érudit, irrévérent et profondément vivant.
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« La Vie de Galilée » de Brecht à la Comédie-Française – huile sur toile signée Eric Ruf

Alors que les programmations s’épuisent dans la plupart des théâtres et qu’Avignon se prépare déjà, la Comédie-Française continue de remplir sa mission et de proposer chaque soir un spectacle. Parmi ceux actuellement présentés en alternance, se trouve depuis peu La Vie de Galiléede Brecht, dernière création d’Eric Ruf, administrateur général et sociétaire de la Comédie, également scénographe pour ce spectacle. Ruf a choisi de monter ce texte de Brecht qui oppose la raison à la foi, la science à la croyance, le doute au dogme. Ces contradictions fertiles que notre époque continue de questionner sont ici comme figées, prise dans un vernis brillant – le même qui recouvre les toiles des grands maîtres italiens qui ont inspiré le décor.
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« Ödipus der Tyrann » de Castellucci au Théâtre de la Ville : hébétude esthétique

Pour la deuxième année consécutive, Romeo Castellucci est invité d’honneur du Festival d’Automne. Présent régulièrement depuis 2000, il présente pour cette saison trois spectacles dans trois lieux différents : Ödipus der Tyrann d’Hölderlin, au Théâtre de la Ville, Le Metope del Partenone, à la Villette, d’après les frises du Parthénon d’Athènes, et Orestie (une comédie organique ?

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