Étiquette : spectacle

« Moby Dick » d’Yngvild Aspeli à la Comédie de Caen – les arrêtes du poisson sans la chair

En 2017, Yngvild Aspeli adaptait La Faculté des rêves, roman de Sara Strisdberg consacré à la Valerie Solanas, intellectuelle et féministe américaine, avec des marionnettes grandeur nature. La metteuse en scène réitère l’expérience d’une adaptation et s’attaque cette fois à un roman d’une autre teneur, à un « monstre de la littérature » comme elle le dit elle-même : Moby Dick. Ce monstre, elle entreprend de le dompter grâce à son art profondément spectaculaire. Quoique la baleine blanche soit multiplement représentée sur scène, l'œuvre de Melville, elle, reste introuvable.
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« Le spectateur », Christian Biet et Christophe Triau

C’est déjà commencé. Ce soir, j’y vais. Il a  d’abord fallu « envisager-d’aller-au-théâtre », se mettre dans l’idée qu’on va voir des corps vivants, entendre un texte, s’asseoir devant un plateau dans un espace réservé au spectacle, à côté d’autres spectateurs que, contrairement au cinéma, on ne peut ignorer, que l’on sent, que l’on entend et souvent que l’on voit. Il a fallu prendre les places, à l’avance, généralement numérotées. Une cérémonie que tout cela, un rite qui marque la sortie du soir, une vraie envie. Ce n’est pas banal. Et puis il a encore fallu que je choisisse : le lieu, le bâtiment, sa réputation, son directeur (j’ai mes fidélités), les acteurs (on dit que tel ou telle est très bien dans la pièce), le metteur en scène, l’auteur (un classique, un moderne dont on parle ?), le texte (y en a-t-il un, au moins, cette fois ?). Ah, oui ! le texte, ce qu’il faut entendre et juger, à travers une suite d’entités qui le revendiquent : un texte éclairé, scénographié, exploré par la diction, porté par le jeu des acteurs, magnifié par le plateau ou englouti par lui. Compliqué. En me rendant au théâtre, je me sens obligé de faire plus de choix que pour tout autre spectacle, avec bien plus de prérequis. C’est intimidant en somme. Au point qu’on en vient à proposer des écoles du spectateur, ce qui me désespère. Ce soir, donc, j’ai décidé d’être curieux, de renouer avec ce qu’est d’abord le théâtre : un spectacle dont on n’a rien vu et que l’on n’a pas lu encore, un spectacle tout entier vivant.
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« Une lumière au cœur de la nuit : le lustre, de l’intime à la scène » de Georges Banu – Réverbérations d’une lecture

En 2009, Georges Banu faisait paraître Des murs… au Mur aux Editions Gründ. En 2015, La Porte, au cœur de l’intime, aux Editions Arléa. Cette dernière maison a offert à l’auteur une nouvelle opportunité d’écrire un de ces textes situés un peu à la marge de ses publications habituelles, généralement consacrées au théâtre.
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« El Efecto de Sergio » de Philippe Quesne au Teatro Mella – spectacularité du dérisoire

Après avoir tourné pendant dix ans dans près de 35 pays, L’Effet de Serge de Philippe Quesne est arrivé jusqu’à Cuba, dans le cadre du Festival International de Théâtre de La Havane qui a réuni quantité de spectacles cubains et étrangers pendant neuf jours intenses. Comme ailleurs, le spectacle a rencontré la faveur du public en invoquant une sensibilité universelle, un mélange d’humour et de mélancolie autour d’un personnage atypique qui tous les dimanche invite des amis chez lui, pour des spectacles de 2 ou 3 minutes. Néanmoins, le succès rencontré par l’œuvre ne tient pas qu’à ses qualités. Il est aussi le fruit des relations bien particulières que l’artiste s’efforce de mettre en place dans chaque ville où il passe.
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« Monsieur » par la compagnie DelCarmen – All by myself – de la solitude et de la banalité

La Casa de las Américas, la Maison de la recherche de La Havane, a été remise sur pieds avec une efficacité impressionnante après le passage de l’ouragan Irma, dans la perspective de Casa Tomada – Encuentro de pensamiento y creación joven en las Américas, journées d’ateliers, séminaires et rencontres mises en place par de jeunes chercheurs et jeunes artistes de toute l’Amérique latine.…

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« Thérèse Raquin » de Zola [extrait]

Chapitre XIII

Le lendemain, Laurent s’éveilla frais et dispos. Il avait bien dormi. L’air froid qui entrait par la fenêtre fouettait son sang alourdi. Il se rappelait à peine les scènes de la veille ; sans la cuisson ardente qui le brûlait au cou, il aurait pu croire qu’il s’était couché à dix heures, après une soirée calme.…

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