Étiquette : Odéon

« L’Enfant brûlé » de Noëmie Ksicova à la Comédie de Reims – en équilibre sur la ligne de crête du roman de Dagerman

Valenciennes, dont elle signe la conception et la mise en scène, et suit une trajectoire fulgurante : avec ce premier spectacle, elle passe à la MAC d’Amiens, au Off d’Avignon, au Festival Impatience, et poursuit une tournée tout au long de l’année 2023. Sur la base de cet unique spectacle, la Comédie de Reims et l’Odéon se sont engagés sur sa prochaine création, L’Enfant brûlé. Les thématiques sont communes – l’adolescence, le suicide, la cellule familiale –, mais Noëmie Ksicova part cette fois d’un matériau existant : un roman de Stig Dagerman mal connu, dont elle annonce une « libre adaptation » – mais qui porte le même titre que l’œuvre. L’artiste embarque avec elle les partenaires de la première aventure, dont deux jeunes qui n’ont joué qu’avec elle, et se lance dans cette ambitieuse entreprise, assumant l’ambition, mais un peu moins le pas de côté qu’elle fait par rapport à l’œuvre qui l’inspire.
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« Edelweiss [France Fascisme] » de Sylvain Creuzevault aux Ateliers Berthier – documentaire théâtral

La saison au Théâtre de l’Odéon s’ouvre avec un spectacle de Sylvain Creuzevault, artiste associé du lieu. Après un cycle Dostoïevski, le metteur en scène a pris ses distances avec l’auteur russe à l’occasion d’un travail avec le groupe 47 de l’École du TNS, qui a donné lieu à un spectacle, L’Esthétique de la résistance, d’après un roman de Peter Weiss. Creuzevault a imaginé offrir un pendant à l’histoire d’un jeune ouvrier allemand dans les milieux clandestins antifascistes, entre 1937 et 1945 : une genèse du fascisme à la française, pendant la Seconde Guerre mondiale. Le résultat offre une grande leçon d’histoire, au plateau, qui relève moins du théâtre documentaire que du documentaire de type théâtral. Un genre inédit, un peu bâtard, qui a ses lourdeurs et ses fulgurances.
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« Vernon Subutex 1 » de Thomas Ostermeier au Théâtre de l’Odéon – galerie de portraits au vitriol

Après Histoire de la violence en 2018 et Qui a tué mon père en 2020 d’Édouard Louis, Thomas Ostermeier s’empare d’un autre roman contemporain, Vernon Subutex de Virginie Despentes. En prenant appui sur des écrivains qui tout à la fois défraient la chronique et sont encensés comme de grands auteurs de notre époque, le célèbre metteur en scène allemand tire parti de leur aura. Son nom associé à celui d’une œuvre dont le public a déjà entendu parler – s’il ne l’a pas lue – pour un spectacle programmé par un Théâtre national assure une salle pleine. C’est le cas de l’Odéon qui accueille les quatre heures de spectacle, devant un public en manque de dramaturgie et de narration mais séduit par la galerie de portraits qui lui est présentée.
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« Kliniken » de Lars Norén, mis en scène par Julie Duclos au Théâtre de l’Odéon – condensé de désespoirs

Un an et quelques mois après la mort de l’auteur suédois Lars Norén, le Théâtre de l’Odéon présente l’une de ses pièces, Kliniken, dans une mise en scène de Julie Duclos. Il y a dix ans, Stéphane Braunschweig, alors directeur de la Colline, avait programmé Salle d’attente de Krystian Lupa, d’après Catégorie 3.1 du même auteur. Ces deux spectacles dialoguent dans la mémoire du spectateur, car tous deux offrent de longues fresques qui dressent le portrait de marginaux, ceux qui vivent dans la rue et se croisent dans les non lieux d’une ville d’une part, et ceux réunis dans un hôpital psychiatrique d’autre part. L’immersion que propose Julie Duclos dans l’institution médicale est douloureuse. Un condensé de détresses, de désespoirs et de dépressions nous attend, qui finit inévitablement par toucher mais qui amène à interroger la pertinence de monter ce texte aujourd’hui, alors que nos morals sont si fragiles.
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« Nous pour un moment » d’Arne Lygre, mis en scène par Stéphane Braunschweig – fugue sur la fragilité des liens entre les hommes

Avec Nous pour un moment, Stéphane Braunschweig poursuit son compagnonnage avec l’auteur norvégien Arne Lygre, qu’il a initié en 2011 avec Je disparais, du temps de sa direction de la Colline. Avant de monter cette pièce, Braunschweig l’a co-traduite avec Astrid Schenka, s’immergeant ainsi profondément dans sa langue et sa structure. Une fois metteur en scène et scénographe, il en déploie la dramaturgie complexe, semblable à une fugue dont le thème poursuivi est celui de l’insurmontable solitude des êtres.
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Adolescence et territoire(s) : « Les messages d’amour finiront bien par arriver » – ode à la jeunesse

Après l’Odéon et avant l’Espace 1789 de Saint-Ouen, les jeunes qui participent depuis le début de l’année au programme « Adolescence et territoire(s) » ont présenté au T2G le résultat d’un an de travail. Ils sont plus de vingt et viennent de Paris 17è, Gennevilliers et Saint-Ouen ; ils sont pour la plupart lycéens, âgés entre 15 et 20 ans. Mais ce sont là leurs seuls points communs - pour le reste, le groupe qu’ils forment se distingue par son hétérogénéité. Cette année, l’artiste qui les a accompagnés et qui a écrit pour eux une œuvre est Marie Piémontèse. Elle est surtout connue en tant qu’actrice de Joël Pommerat, mais est aussi auteure et metteure en scène au sein de la compagnie Hana San Studio, fondée par Florent Trochel qui co-signe la mise en scène de ce spectacle, Les Messages d’amour finiront bien par arriver. Ensemble, ces deux artistes ont offert à ces jeunes un très beau texte et une très belle œuvre scénique, qui donne foi en la jeunesse d’aujourd’hui.
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« Les Fausses Confidences » de Marivaux à l’Odéon

Comme à son habitude, Luc Bondy voit les choses en grand et réunit du beau monde pour sa dernière mise en scène. Après Pinter, Molière ou Tchekhov depuis son arrivée à la tête de l’Odéon, il s’intéresse cette fois à Marivaux et y applique sa recette habituelle : une scénographie imposante mais dont la pertinence est douteuse, des noms qui attirent – ici Isabelle Huppert, Louis Garrel, Bulle Ogier… –, et beaucoup de conformisme dans la mise en œuvre.…

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« Henry VI » de Shakespeare à l’Odéon, x3

La reprise à l’Odéon du spectacle-fleuve de Thomas Jolly, Henry VI, présenté à Avignon l’année dernière, constitue l’événement de cette fin de saison. Un avant-goût de la nouvelle édition du festival est offert à la communauté de spectateurs qui se rassemble sur deux jours aux Ateliers Berthier, vivant, mangeant et dormant au rythme du théâtre, partageant l’expérience aux côtés des mêmes personnes pendant treize heures de spectacle, ce qui nécessairement invite au dialogue.…

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« Das Weisse vom Ei – Une île flottante »
d’après Labiche à l’Odéon : mécaniques du rire

En 1991, Christoph Marthaler monte L’Affaire de la rue Lourcine d’Eugène Labiche, et collabore pour la première fois avec Anna Viebrock, qui signe par la suite la scénographie de tous ses spectacles. Près de vingt-cinq ans plus tard, il revient à cet auteur avec un montage de textes à partir de courtes pièces, parmi lesquelles La Poudre aux yeux, qui donne leurs noms au personnage.…

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