Étiquette : mouvement

« May B » de Maguy Marin au T2G – infini, et impérissable

Créé en 1981, May B, de Maguy Marin, est repris pour quelques dates au T2G ce printemps. Ce n’est pas la première fois que ce spectacle qui a été commenté d’innombrables fois et situé comme un repère décisif pour quantité d’artistes reprend vie sur scène : depuis 2006, il est recréé presque tous les deux ans pour une poignée de dates. Ces recréations laissent croire que l’œuvre a passé la difficile épreuve du temps – celle qui peut frapper plus ou moins durement d’obsolescence des spectacles qui ont profondément marqué l’histoire du théâtre, qu’il s’agisse de la Mère Courage de Brecht ou d’Einstein on the Beach de Bob Wilson, dont la singularité ou la nouveauté paraît parfois émoussée depuis le moment de leur création. C’est peut-être ici le caractère hybride de l’œuvre, qui relève de la catégorie de la danse-théâtre rendue célèbre par Pina Bausch, qui lui permet de conserver toute sa puissance originelle et de convoquer notre sensibilité avec autant de force qu’il y a plus de quarante ans.
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« Sur le carreau » d’Yves-Noël Genod au Carreau du Temple – A mille lieues du Covid

Alors que des camions de CRS encombrent les rues qui partent de la place de la République en raison d’une manifestation contre la Loi Sécurité globale, et qu’il faut pour cette raison faire de nombreux détours pour atteindre la Halle du Carreau du Temple, une fois à l’intérieur, le réel s’évanouit. Dans ce grand espace baigné de lumière grâce à ses verrières, on oublie, pendant un peu plus d’une heure, les masques, la distanciation, sociale, et toutes les règles et réflexes qu’a imposé le Covid. Yves-Noël Genod, « distributeur de spectacles » comme il se désigne, a créé un lieu de liberté, de retrouvailles et de voyages – un lieu de cure, pour consoler les confinés.
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« Crowd » de Gisèle Vienne aux Amandiers – hallucination perceptive sur musique électro

Après les airs de variété italienne et les derniers tubes de Rihana, c’est au son de la musique électronique que vibrent les Amandiers de Nanterre. Vincent Macaigne a en effet laissé la place à Gisèle Vienne, qui présente dans le cadre du Festival d’Automne sa dernière œuvre, Crowd. L’artiste franco-autrichienne, qui pratique aussi bien l’art des marionnettes, le théâtre ou la danse, propose cette fois un spectacle chorégraphique, dans lequel elle revisite les codes de la rave-party. Portant sur la pratique un regard presque scientifique, elle donne à voir un groupe de jeunes réunis par la musique électro. Décomposant l’événement, elle étudie les comportements auxquels il donne lieu, les rapports des individus à l’espace, les distances et rapprochements qui unissent les corps, les mouvements. Le résultat est une œuvre hallucinatoire, qui saisit la perception, amène à tisser de multiples histoires, et ouvre ainsi des espaces d’investissements singuliers dans cette pratique pourtant caractérisée par sa dimension communautaire.
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« La Condition humaine » de Malraux – humain, pas assez humain

« Les mêmes chemins qui mènent l’individu au crime mènent la société à la révolution ». Telle était la thèse développée par Dostoïevski dans son roman les Démons selon le critique Berdaiev. La formule resurgit à l'esprit quand on lit La Condition humaine d’André Malraux. Dans cette œuvre, qui lui vaut de recevoir le Prix Goncourt l’année de sa publication, Malraux relate un épisode de la révolution chinoise, l’insurrection communiste de Shanghai, en 1927. Variant les points de vue, d’un personnage à l’autre, Malraux joue également avec les échelles. Dans cette œuvre, il fait coexister celle de l’individu, celle de la société, celle d’un pays ou encore celle du mouvement communiste de la Russie à la Chine – qui réduit l’homme à néant en le perdant de vue.
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« Passim » de François Tanguy au T2G – çà, là et en chacun

Trois ans après Onzième, François Tanguy et le Théâtre du Radeau reviennent au T2G dans le cadre du Festival d’Automne pour présenter leur nouvelle création, longuement conçue et mûrie dans cet intervalle. Dès l’entrée dans la salle, le spectateur qui a déjà rencontré ce théâtre a le sentiment de retrouver un univers familier sur la scène, le grenier de l’enfance, la maison natale ou les confins du rêve.…

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« Einstein on the beach » de Bob Wilson et Philip Glass

Le célèbre opéra de Bob Wilson et Philip Glass, Einstein on the beach, créé en 1976, a constitué une véritable rupture esthétique à l’époque de sa création. En 2014, peu après sa recréation en 2012, on peut se demander l’effet que produit ce spectacle alors que le choc est nécessairement moins grand que dans les années 1970.…

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