Étiquette : genèse

« Les Armoires vides » d’Annie Ernaux – dernier jour d’une condamnée

Le premier roman d’Annie Ernaux, Les Armoires vides, contient en puissance plusieurs de ses œuvres à venir. Dans ce texte d’inspiration autobiographique, l’autrice relate son enfance et son parcours de transfuge, du café-épicerie de ses parents à l’université, au travers du personnage de Denise Lesur. Quoiqu’elle révèle en creux la genèse d’une autrice, l’œuvre ne livre pas le récit victorieux d’une ascension sociale permise par l’école. La trajectoire de la jeune femme est retracée dans un moment de crise, qui la condamne selon elle à la fatalité de son milieu d’origine.
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« The Great Tamer » de Dimitris Papaioannou à la FabricA – sur la crête du sensible

Parmi les nombreuses manifestations rassemblées pour le Festival d’Avignon, il y en a qui lui sont propres, quoi qu’elles ne le définissent pas. Ce sont ces formes hybrides rassemblées dans la catégorie « Indiscipline », catégorie vaste et un peu malicieuse qui s’extrait des distinctions génériques et mêle le théâtre, la danse et la performance. L’œuvre de l’artiste grec Dimitris Papaioannou, The Great Tamer, créée en mai à Athènes et présentée à la FabricA, fait partie de ces spectacles, comme Espæce l’an passé, ou À mon seul désir de Gaëlle Bourges, qui illustrent la pertinence de cette catégorie transversale, qui déplace les lignes de la perception. À défaut d’un nom d’auteur, d’un titre de texte, la seule indication qui précède la découverte de l’œuvre est la suivante : « certaines scènes du spectacle comportent de la nudité ». Ce qui pourrait passer pour une revendication de modernité se révèle rapidement une nécessité : comment proposer une genèse de l’homme sans en passer par sa nudité première ? La genèse du « grand dompteur » d’images Papaioannou n’est pas biblique, ni historique, mais rêvée, onirique ; une genèse qui se passe du langage et laisse ainsi une part indécidable de subjectivité dans sa lecture – quoiqu’elle paraisse limpide.
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« Le Premier Homme » d’Albert Camus – lignes de fuite

Après le succès que rencontrent Les Possédés de Camus, d’après Dostoïevski, au Théâtre Antoine à Paris, la compagnie part en tournée dans toute la France au cours de l’année 1959. Camus, pris par son nouveau projet de roman, Le Premier Homme, renonce à tenir le rôle du narrateur dans sa pièce, et fait des aller-retours entre Lourmarin où il se retire pour écrire et les différentes villes dans lesquelles le spectacle est présenté.…

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« Le Vivier des noms » de Novarina au Cloître des Carmes : La messe est dite

Dans le Cloître des Carmes, à la belle étoile, le grand prêtre Valère Novarina dit sa dernière messe, Le Vivier des Noms. Spectatrice de L’Acte inconnu, en 2007 – puis du Vrai Sang, quelques années plus tard – cette pièce avait alors constitué une première approche du théâtre contemporain, du moins non boulevardien et vaudevillesque, et a donc probablement joué un rôle majeur sur le choix des pièces ensuite effectué.…

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« Contre Sainte-Beuve » de Proust

1908, Proust a renoncé à écrire La Recherche. Malgré la fièvre et la fatigue, il rédige pour Le Figaro un article, « Contre Sainte-Beuve », qui prend la forme d’une « conversation avec maman », et devient finalement un essai conséquent sur la littérature, et plus encore, un embryon du livre qu’il décide de reprendre après cette expérience.…

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