Étiquette : Brecht

« Catarina ou la beauté de tuer des fascistes » de Tiago Rodrigues aux Bouffes du Nord – confronter les extrêmes, au péril du théâtre et de la pensée

Plusieurs spectacles de Tiago Rodrigues animent cette rentrée théâtrale : Dans la mesure de l’impossible aux Ateliers Berthier, Chœur des amants et Catarina ou la beauté de tuer des fascistes aux Bouffes du Nord. Les deux plus récents signalent un tournant politique dans la trajectoire du metteur en scène, jusque-là plutôt préoccupé de littérature (Bovary, The Way She Dies), d’offrir au théâtre son propre reflet (Sopro) ou d’explorer les fragilités du couple (The Way She Dies à nouveau et Chœur des amants). Tiago Rodrigues, nouveau directeur du Festival d'Avignon, semble désormais mettre son écriture et sa science du théâtre au service de sujets d’actualité plus ou moins sensibles : l’action humanitaire et le fascisme. Dans Catarina il aspire certainement à atteindre la complexité et la nuance que ses mises en abyme permettent d’ordinaire, et il donne l’impression d’y parvenir au début de Catarina. Mais il a beau multiplier les renversements, les infinies teintes de gris qui séparent le noir du blanc sont délaissées. Son art théâtral, pourtant brillamment mis en œuvre au début du spectacle, se trouve englouti par des discours extrêmes qui congédient la réflexion.
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« La Vie de Galilée » de Brecht [extrait] – « Rentre chez toi, sur-le-champ. »

"Mon Dieu ! Il faut plier bagages." "Cette épidémie est partout." "Pouvez-vous me dire, mes sœurs, où je pourrais acheter du lait ?" "Rentre chez toi, sur-le-champ." "Ils n’éteignent plus le feu quand la peste menace. Chacun ne pense plus qu’à la peste." "Qui sait aujourd’hui ce que demain sera ?" "Comme si un livre avait de l’importance maintenant."
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« La Vie de Galilée » de Brecht à la Comédie-Française – huile sur toile signée Eric Ruf

Alors que les programmations s’épuisent dans la plupart des théâtres et qu’Avignon se prépare déjà, la Comédie-Française continue de remplir sa mission et de proposer chaque soir un spectacle. Parmi ceux actuellement présentés en alternance, se trouve depuis peu La Vie de Galiléede Brecht, dernière création d’Eric Ruf, administrateur général et sociétaire de la Comédie, également scénographe pour ce spectacle. Ruf a choisi de monter ce texte de Brecht qui oppose la raison à la foi, la science à la croyance, le doute au dogme. Ces contradictions fertiles que notre époque continue de questionner sont ici comme figées, prise dans un vernis brillant – le même qui recouvre les toiles des grands maîtres italiens qui ont inspiré le décor.
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Le jeu, essence du théâtre à l’ère du cinéma selon Denis Guénoun

Si le personnage, ou au moins son efficacité, sa puissance imaginaires (et avec lui tout l’appareil de ses lieux, temps, actions supposés, ou au moins leur capacité d’envoûtement), ont déserté l’espace de la représentation théâtrale, cela signifie que sur scène, désormais, ne reste que le jeu. Bien sûr, on y croise encore des personnages, et des effets imaginaires liés aux rôles. Mais ce sont désormais des effets secondaires, qui ne soutiennent plus la singularité du théâtre, et ne portent plus en eux, ni avec eux, la raison de sa nécessité.
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« Flechas del Angel del Olvido » par le Gaia Teatro au Brecht – l’étoffe dont nous sommes faits

La compagnie Gaia Teatro, dirigée par Esther Cardoso Villanueva, présente une mise en scène de Flechas del Angel del Olvido – « Flèches de l’ange de l’oubli » – au Centre culturel Bertolt Brecht de La Havane. Les spectateurs se pressent pour découvrir ce spectacle présenté comme futuriste, adapté de l’œuvre de l’auteur espagnol José Sanchis Sinisterra, dans laquelle il propose une réflexion sur la jeunesse et son rapport au passé dans notre société.…

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« Triptyque – Des années 70 à nos jours… » par le Collectif In Vitro au Théâtre des Abbesses – « un théâtre très pauvre »

Dans le cadre du Festival d’Automne, Julie Deliquet et le Collectif In Vitro proposent au Théâtre des Abbesses un Triptyque, « Des années 70 à nos jours… », composé de La Noce de Brecht, Derniers remords avant l’oubli de Lagarce et Nous sommes seuls maintenant, création collective.…

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« Pierre ou les ambiguïtés » d’après Melville au théâtre de l’Echangeur

Dans sa dernière création, le Moukden-Théâtre s’empare de deux romans de Melville, Pierre ou les ambiguïtés et L’Escroc à la confiance. Les réflexions philosophiques de l’auteur américain sur la vérité et la confiance dans ces œuvres sont non seulement réinvesties par les comédiens de la compagnie, mais aussi appliquées à leur nouvel environnement d’accueil : le théâtre.…

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« Le Père Tralalère » de Sylvain Creuzevault à la Colline

C’est obscène : à la fois au-delà de la scène et cru. Ça commence avec un repas de mariage, où un tas de banalités sont dites et échangées, et ça finit dans un bain de sang. Entre temps, se sont déroulés plusieurs repas, et les échanges ont progressivement été minés de l’intérieur. Dans cette évolution, les personnages changent, vieillissent et le voile de l’hypocrisie se lève.
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