Étiquette : amour

« Andromaque » de Stéphane Braunschweig à l’Odéon – sinistre reflet du désordre extrême de notre époque

Après Jours de joie d’Arne Lygre en 2022, Comme tu me veux de Luigi Pirandello en 2021 et Iphigénie de Racine en 2020, Stéphane Braunschweig revient à ce dernier et à la guerre de Troie avec Andromaque. Ce n’est que le troisième texte de Racine que le metteur en scène monte depuis Britannicus en 2016, alors que son identité artistique est fortement constituée par la mise en scène des classiques, qu’il fait partie des rares artistes, dans le paysage actuel, qui s’y mesurent sans les adapter ou les confronter à d’autres textes. Avec l’équipe qui lui est fidèle, il propose donc le texte de Racine seul et intégral, dans une scénographie sur laquelle repose, comme à son habitude, une grande partie de sa dramaturgie. Sans en avoir l’air, Braunschweig produit cependant un effet de relecture profond de la pièce de Racine, qui n’apparaît plus comme une tragédie classique qui puise dans un matériau épique antique pour démontrer à partir de lui les lois implacables de la fatalité, mais comme un reflet sinistre – au sens racinien du terme – de notre époque et de nos passions destructrices.
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« Mausolée » de Louise Chennevière [extrait] – tombeau de mots pour l’amour

Mausolée. Tu as ramassé sur le sol les feuilles par nos corps éparpillées. Je t'ai regardé faire en tirant lentement sur cette cigarette que tu venais de rouler, tes cigarettes épaisses, sans filtre, qui m'avaient toujours un peu brûlé, la gorge, les yeux, mais que j'aimais tant fumer, juste après. Je t'ai regardé les reposer soigneusement sur le bureau, une à une, dans l'ordre, hypnotisée par cette vision. Fascinée et inquiète, d'être soudain, démasquée.
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« Au-dessous du volcan » de Malcolm Lowry [extrait] – lettre d’amour ivre

(Plusieurs mescals plus tard.) Depuis décembre 1937, et que tu es partie, et c’est maintenant le printemps 1938 à ce que j’entends, j’ai délibérément lutté contre mon amour pour toi. Je n’osai m’y soumettre. Je me suis agrippé à toutes les branches ou racines qui pouvaient m’aider à franchir tout seul cet abîme dans ma vie mais je ne puis me leurrer plus longtemps.…

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« La Nuit juste avant les forêts » de Koltès [extraits] – histoires d’amour

[…] je ne sais pas son vrai nom, celui qu’elle m’a dit n’était pas le sien, alors je ne dirai pas non plus comment elle était faite, personne ne saura jamais qui a couché avec qui, toute une nuit, sur un pont, en plein milieu d’une ville, des traces y sont encore, là-bas, dans la pierre : tu te promènes n’importe où, un soir par hasard, tu vois une fille penchée juste au-dessus de l’eau, tu t’approches par hasard, elle se retourne, te dit : moi mon nom c’est mama, ne me dis pas le tien, ne me dis pas le tien, tu ne lui dis pas ton nom, tu lui dis : où on va ?…

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« Pour qui sonne le glas » d’Hemingway – « il sonne pour toi »

En 1936, Hemingway devient correspondant de guerre en Espagne, auprès de l’armée républicaine. L’auteur américain se veut engagé, aussi bien dans ses œuvres que dans la vie qu’il mène. C’est donc par conviction qu’il entreprend de combattre le franquisme, avant, quelques années plus tard, de se rendre en France pendant la Seconde Guerre mondiale pour participer à la libération du pays.…

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« L’Eternel Mari » de Dostoïevski

Peu après avoir écrit L’Idiot, Dostoïevski s’attaque à un projet qui détonne au sein de la production de ses dernières années. Avec L’Eternel Mari, il ne s’agit pas d’une œuvre-fleuve qui multiplie les personnages et superpose les intrigues. Ce roman reprend le schéma traditionnel du théâtre de vaudeville, formé par le triangle amoureux du mari, de la femme et de l’amant, et en propose une version originale.…

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« Les Fausses Confidences » de Marivaux à l’Odéon

Comme à son habitude, Luc Bondy voit les choses en grand et réunit du beau monde pour sa dernière mise en scène. Après Pinter, Molière ou Tchekhov depuis son arrivée à la tête de l’Odéon, il s’intéresse cette fois à Marivaux et y applique sa recette habituelle : une scénographie imposante mais dont la pertinence est douteuse, des noms qui attirent – ici Isabelle Huppert, Louis Garrel, Bulle Ogier… –, et beaucoup de conformisme dans la mise en œuvre.…

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