« Partance » d’après Stefan Zweig par la Compagnie Théâtre de la Forêt

« Deux spectres cherchent le passé ». Ainsi se décrivent les amants de la nouvelle de Stefan Zweig, « Le Voyage dans le passé », adapté et mis en scène par Marc Debono sous le titre de Partance. Ce duo présenté au Théâtre des Vents laisse mi-figue mi-raisin.

Dans ce texte, retrouvé des années après la mort de l’auteur autrichien, deux amants se revoient, neuf ans après le départ de l’homme au Mexique. Ce jeune étudiant, pauvre mais brillant, est tombé amoureux de la femme d’un grand Professeur dont il a été le secrétaire et l’associé, et chez qui il a habité.

Chaque recoin de la maison porte donc l’empreinte de leur passion non consommée. Avant leur séparation, la femme lui promet de se livrer à lui à son retour. La Première Guerre, puis la Seconde, les tiennent éloignés plus longtemps que prévus. Lorsqu’ils se retrouvent, sur le quai d’une gare, ils ont inévitablement changé.

La narration de cette histoire d’amour ancrée dans le passé imite les mouvements de la mémoire, qui refuse la chronologie et ressasse inlassablement. Des phrases-clés reviennent comme des refrains, et petit à petit, le passé se déroule jusqu’aux retrouvailles.

L’entremêlement complexe des différents épisodes de leur relation empêche toute forme de représentation. Sur scène, ce que l’on voit est la boîte noire du souvenir, dans laquelle s’expriment les corps. Pour combler ce dénuement, les comédiens s’improvisent danseurs et chorégraphient leurs rapports et leurs sentiments, entre tendresse, passion et amertume.

La mise en scène propose quelques belles trouvailles, très esthétiques, telles que le décompte des jours et l’apparition du pistolet, mais la danse frôle souvent le pathétique. La lumière dramatise encore ces pas chassés trop tragiques, au risque de désamorcer l’intelligente manipulation du texte qui a été faite.

F. pour Le Bruit du Off

Pour en savoir plus sur « Partance », rendez-vous sur le site du Off d’Avignon.

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