Expo « Diane Arbus » au Jeu de paume

Les photographies de Diane Arbus donnent tout son sens au verbe « saisir ». La rétrospective qui a actuellement lieu au Jeu de Paume le fait sentir à travers les nombreux portraits qu’elle rassemble. Le visiteur déambule parmi eux, guidé par son instinct et attiré par ces figures qui en disent long.

A l’entrée de l’exposition, il est indiqué aux visiteurs qu’ils sont les seuls maîtres de leur parcours : la scénographie n’est ni chronologique, ni thématique. Les œuvres de la photographe américaine ont été disposées de façon arbitraire et une même anarchie doit nous faire passer de l’une à l’autre.

Ce qui frappe, et qui a probablement guidé ce choix, est l’homogénéité du travail de Diane Arbus. Les années se confondent autour d’un même sujet d’intérêt : saisir des êtres dans leur singularité ; laisser entrevoir l’intériorité par un portrait pris sur le vif, hors des codes bourgeois de la représentation.

Ceux qui fascinent le plus l’artiste sont les marginaux : les travestis, les hommes de cirques, les lilliputiens et les géants, les jumeaux ou les triplés, les nudistes, les attardés mentaux. Ils côtoient des individus moins excentriques, qui s’inscrivent davantage dans la norme mais dont la monstruosité est révélée sous d’autres codes. Enfin, on trouve également des personnalités telles que Marcello Mastroianni, Borges ou Duchamp.

Surpris dans leur intérieur, dans leur quotidien, ces personnages tous isolables ne prennent pas vraiment la pose. Ou s’ils la prennent, la photographe choisit le moment qui précède ou qui succède. Des tics de visages, des grimaces ou des gestes trahissent leur mise en scène, les révèle « au naturel ».

L’effet produit à la vue de tous ces portraits est un brouillage. Entre les sexes, entre les classes sociales, entre les codes et les valeurs, entre ce qui est « normal » et ce qui est « étrange ». La veuve dans son riche appartement semble plus démunie que les handicapés mentaux riant aux éclats le jour d’Halloween. Les soirées masquées des soirées hype sur la 5ème avenue de New-York font concurrence aux maquillages de foire.

La photographie abolit la distance avec tous ces « freaks ». Ils sont familiers, plus attendrissants qu’effrayants et surtout profondément humains. Diane Arbus a figé sur le papier leur différence, ce qui fait qu’ils sont uniques et non-interchangeables.

F.

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