« Carnaval baroque » de Dumestre et Roussat à l’Opéra Comique

Nous sommes à Rome au XVIIème siècle et le carnaval bat son plein. Au rythme soutenu d’une musique tantôt joyeuse, tantôt triste, acrobates, jongleurs, magiciens et chanteurs créent de multiples tableaux typiques de la Commedia dell’arte qui ravissent les yeux et les oreilles.

Les musiciens ne sont pas de simples accompagnateurs dans cette fête. Situés à droite du plateau, ce sont eux qui mènent la danse, même s’ils sont parfois entraînés dans la folie de leurs compères. Ils ouvrent le bal quand le rideau s’ouvre sur une procession aux bougies. Un banquet prend la suite et commencent les festivités, à force de vin, de masques et de tours de passe-passe.

La tentation est grande de reprendre un à un chaque numéro et de le décrire tant l’esprit est sans cesse surpris, et la bouche entrouverte. Le public est si emporté qu’il ne peut retenir ses applaudissements avant même que la musique se soit tue.

Le spectacle a été créé il y a déjà quatre ans déjà, mais il a fallu tout ce temps pour qu’il prenne place à l’Opéra Comique. Depuis, les scènes ont pu être revues ou enrichies. Heureusement, les plus inoubliables, comme « Il Lamento del Naso », n’ont pas bougées, et réussissent encore et toujours à charmer.

L’illusion que chaque artiste sur scène est autant capable d’interpréter les plus beaux morceaux de la Fiera di Farfa – désormais un classique du Poème Harmonique depuis leur dernier album –, et d’enchaîner les pirouettes avec la plus grande souplesse, est parfaite. L’harmonie, la fluidité et la complicité de tous montre bien que c’est d’abord un plaisir qu’ils partagent entre eux.

L’esprit sens dessus-dessous du carnaval est pleinement saisi : aux masques, aux colombes et aux boules de jongles, s’ajoutent une scène sur la scène avec ses bougies et un bouc émissaire. Le grotesque vient se marier avec la mélancolie et la poésie des pantomimes des deux arlequins jumeaux.

Le rythme est haletant, l’effervescence ne semble jamais prendre fin. Il faut pourtant se résoudre à revenir à notre siècle et à remercier la troupe à force d’applaudissements pour cette magie des sens.

F.

Joyeuses fêtes à tous et rendez-vous l’année prochaine pour de nouvelles découvertes à partager !

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