« Vanité des vanités ! Tout n’est que vanité ! ». On connaît cette sentence que l’on trouve dans l’Ecclésiaste. Le musée Maillol a entrepris de l’illustrer, de Caravage à Hirst, dans une exposition au parcours original, semé de crânes.
Dans l’hôtel particulier du musée Maillol, si l’on suit les flèches qui indiquent le début de la visite, on commence l’exposition par les contemporains. Original, oui, mais pourquoi ce choix ? Après avoir navigué entre le rez-de-chaussée, le second et le premier, suivant donc un ordre décroissant, la réponse ne nous est pas forcément donnée.
Cela nous oblige à nous pencher sur les œuvres souvent décalées, parfois choquantes et toujours originales de nos pairs, qu’on zappe souvent pour soupirer devant nos pères. (A noter, dans le dossier de presse de l’expo, les œuvres sont bien présentées dans l’ordre chronologique et on n’a pas d’explications sur ce choix autre que : on remonte le cours du temps).
On commence donc avec des œuvres d’une taille conséquente, souvent en 3D, et dont les techniques sont diverses et inventives. On découvre ainsi le fameux crâne de Hirst fait en résine et en mouches, pendant de celui en diamants : terrifiant. D’autres artistes en font des objets de design, des créations originales, des motifs récurrents. Bref, on voit que le thème du « memento mori » (rappelle-toi que tu vas mourir), est encore d’actualité.
L’œuvre qu’on retiendra en particulier de cette période, est celle de Claudio Parmigiani, qui fait le choix d’utiliser le feu, la fumée et la suie pour représenter une série de crâne, liant ainsi dans une même logique la technique et l’objet.
Au second, ce sont encore des contemporains, mais qui se sont penchés sur une dimension plus plane du thème. Ce sont alors des montages photo, des peintures. Pourtant le relief semble de mise pour parler de la mort : souvent un clou ressort, les couches de peintures sont très épaisses. Dans cette section, la mort est pleinement intégrée dans la vie, sous forme de camarade squelette ou de miroir. Une phrase plane : « ce sont toujours les autres qui meurent ».
On redescend au premier où sont concentrés modernes et classiques. L’ambiance est plus familière parmi Nadar, Cézanne, Picasso ou Buffet. Si certains étaient révolutionnaires à leur époque, ils font pâle figure avec ce qu’on a vu précédemment. L’ambiance est plus tamisée, plus sereine, mais la mort reste bien présente.
Chez les classiques, enfin, les tableaux sont bien sobres. A leurs côtés sont parfois exposés des œuvres de contemporains, pour accentuer la ressemblance ou peut-être dynamiser le parcours. Les tête-à-tête de Madeleine avec son crâne semblent en effet moins performatifs que ce à quoi on a pu être confrontés avant. Une œuvre, assez sobre, de Boltanski retient l’attention, ainsi qu’une autre, représentant un squelette à genoux, intitulée « Waiting for Godot ».
Les bagues ou pendentifs qui remontent encore plus loin et la mosaïque romaine concluent l’exposition, qui finalement n’a compté qu’un seul Caravage.
La vanité est un beau thème à traiter en art, et le musée Maillol a réussi à rassembler bon nombre d’œuvres. La déception est que ce sont beaucoup de crânes, même essentiellement, et l’on voudrait plus de sabliers ou autres objet bien représentatif du temps qui passe.
F.
Pourquoi « c’est la vie » ? (cf pict 1)
Je n’ai pas levé cet autre mystère de l’exposition… A mon avis, c’est simplement pour rappeler que la mort fait partie de la vie, qu’elle est présente et qu’il ne faut pas l’oublier.
Mais à mes yeux, cette exclamation simplette dessert le sérieux de l’expo.
J’avais noté cette exposition et je ne pensais pas aller la voir car je trouvais le sujet peu gai.
Je suis content d’avoir grâce à toi quelques commentaires à son sujet, mais ne change pas d’avis pour autant.
Je partage ta dernière remarque : il y a d’autres façons de réfléchir au temps qui passe…
Fnac des Ternes ce jeudi à 17h30 recevra Patrizia Nitti qui est la co-commissaire de l’expo, un moyen d’en savoir plus et de pouvoir poser un max de questions ! En plus les rencontres de ce type sont souvent l’occasion de voir des oeuvres via rétroprojecteur et de se faire un petit cours d’histoire de l’art aux frais de la Fnac 😉
Je n’aurais pas la chance d’y être, mais si vous y allez je compte sur vous pour me raconter !
Quel rapport entre la mort et la vanité ? Les crânes, le temps qui passe et l’orgueil?
J’ai dû rater un élément… car je ne vois pas le rapport entre le titre et la description de l’expo.
A bientôt
Les Anciens répètent que la vie n’est que vanité (au sens de futilité et non pas d’orgueil), qu’il ne faut pas s’attacher à de choses superflues, et pour cela, ils insèrent dans le quotidien des « memento mori », c’est-à-dire des objets qui rappellent la mort et le temps qui passe. Ce sont des moyens de mettre en garde contre le luxe, les ambitions vaines…
Sinon, on appelle vanité de petites mises en scène : sur un table on rassemble un crâne, un sablier, des fleurs, une bougie… tout ce qui est périssable !
J’avais en effet enfoui dans ma mémoire le premier sens du mot « vanité » donné en hébreu par la bible: הבל (hevel), signifiant vapeur, buée, haleine, souffle léger. Mais peut-être que l’art n’est pas que vanité…
J’ai aussi beaucoup aimé cette exposition,Patrizia Nitti explique que l’expo est rétro chronologique « par charité », parce que les oeuvres contemporaines sont plus violente que les toiles des classiques!!! Petit développement sur http://www.laboiteasorties.com/2010/02/cranes-thanatos-et-vanites-au-musee-maillol/
!!!
Il faut tout de même un petit temps de calme après pour s’approprier les oeuvres.
Bonne expo à tous
Vous parlez à un moment d’un miroir, celui du second étage. Pouvez s’il vous plait me dire qui l’a fait, comment s’appelle l’oeuvre et quand fut-elle créée? merci d’avance !
Alors, l’oeuvre dont il s’agit est celle de John Armleder, intitulée « Lubaantum » et elle date de 2003. Elle vous intéresse en particulier ?
Oui en effet, elle m’intéresse. Je dois rendre un Compte rendu de cette exposition, et je dois faire une description objective d’une oeuvre. J’ai pensé à prendre celle-ci.
J’avais adoré cette exposition ! Merci pour cette belle sélection sur ce sujet passionnant ! En partage, je vous propose de découvrir ma série de dessins de fleurs fanées en cours de réalisation : « Vanité », dont le rapport du GIEC est à l’origine : https://1011-art.blogspot.com/p/vanite.html
Nature morte tristement contemporaine …