C’est Christian Boltanski qui est l’artiste de Monumenta au Grand Palais cette année. Avec son exposition « Personnes », il investit l’espace et offre une expérience qui fait appel à tous les sens.
Nous sommes en février, il fait froid, et la nef du grand palais n’est pas chauffée. Première impression. Devant l’entrée, un mur nous obstrue la vue : ce sont de petites boîtes en fer rouillé, portant des numéros, mais disposées sans ordre logique.
Lorsqu’on les contourne, on découvre une immense grue qui manipule un tas de vêtements tout aussi grand. En longueur, ce sont des manteaux qui sont installés par terre, dans des espaces délimités. Ceux-ci sont surmontés de néons, et quand on circule entre eux, des battements de cœur résonnent fortement.
Entre le bruit de la grue, très mécanique, le battement des cœurs, absents et vivants, l’ouïe est sollicitée de toute part, comme le regard. Il fait froid, on voit tout ce qui nous entoure, cela résonne à l’intérieur, et il n’y a ni parcours ni cartel pour nous orienter. Les connexions se font d’elles-mêmes, avec notre histoire et ses cauchemars : on pénètre dans l’œuvre.
Il n’y a qu’à déambuler, observer, ressentir. Pas tout à fait à l’aise, oppressé, cherchant une issue, c’est un soulagement d’en sortir. L’important est d’avoir été imprégné selon l’artiste. Et pour les plus volontaires, on peut offrir son pouls aux archives du cœur, un projet en cours de l’artiste.
F.
Aaahh l’avis de LaParafe sur l’expo…ça semble très spécial, mais très attirant finalement !
Je ne suis pas sûre d’apprécier un art aussi moderne, mais bien emmitouflée dans un gros manteau avec des mitaines aux mains … on peut l’envisager !! 🙂
J’avais vu une interview de l’auteur et un aperçu de « l’oeuvre »… Franchement j’avais trouvé cela complètement dingue! Le journaliste faisait allusion au traumatisme de l’artiste datant de la shoah. Celui-ci complétait: Le froid permet d’aller plus facilement à la rencontre d’une oeuvre, et donne au visiteur la possibilité de ne pas être « devant » mais « à l’intérieur de l’oeuvre ».
Franchement je préfère rester sous ma couette!
Merci à F. d’y être allée et on notera son sentiment de « soulagement d’en sortir »!
Solange
Comment, quand on est un peu attentif au rouage des choses, peut-on être dupe de cette colossale mise en scène publicitaire concoctée par un consortium d’hommes d’affaires, de marchands, de commissaires-priseurs spéculant effrontément sur des artistes qui, lorsqu’ils ne sont pas eux-mêmes de purs produits de cette machinerie, quand ils ne sont pas complices de cette mise en scène, sont pour le moins bien peu regardants pour des artistes dignes de ce nom sur les conditions morales de leur réussite matérielle !