« Prenez garde à l’amour » d’après Guy de Maupassant

Le texte est savoureux. Six contes nous sont lus, pour nous faire rire ou nous faire pleurer. Les phrases sont soyeuses et nous bercent dans l’univers de Maupassant où l’amour règne comme seul souverain. Confronté à la solitude, au passé, au mariage, au dénuement ou à la mort, il est partout ! D’où la mise en garde du poète…

clementine_celarie_prenez_garde_a_l_amour_portrait_w193Dans un décor qui voudrait recomposer une ambiance chaleureuse, Clémentine Célarié endosse tantôt le costume de l’auteur, tantôt celui de lectrice. Elle s’entoure d’objets multiples et inutiles qui comblent l’immensité de la scène et l’occupent de temps à autres : des bouteilles de couleur, des lampes, des livres, un gramophone, des meubles, des costumes… En somme, un mobilier de grenier qui illustre mal les contes qui nous sont lus.

L’intérêt d’une telle scénographie – si tant est qu’il y en ait un – est d’assurer une « transition » légère d’un conte à un autre par un remaniement des objets ou une nouvelle disposition des meubles. Néanmoins, ce contraste parfois trop ne suffit pas à distinguer de façon claire le début et la fin de chaque séquence.

L’actrice quant à elle est portée par le texte quand c’est le contraire qu’il faudrait attendre. Elle se laisse submerger par lui et en oublie vite qu’on la regarde et qu’on attend qu’elle lui donne vie. Elle ne nous offre que sa voix, malheureusement féminine quand c’est Maupassant qui raconte, dont les intonations sont parfois fausses. Les gestes sont minimes, et n’apportent rien à l’ensemble ; les phrases sont dites, clairement et distinctement, mais pas de façon inoubliable. Déception particulière par rapport à la première qui devrait être une plongée immédiate au cœur de l’œuvre.

Diderot se moquerait bien de ses larmes et de sa déclamation. Lui qui prône la froideur de cœur et la chaleur du jeu, voilà qu’elle fait tout le contraire. C’est bien dommage de voir un si beau texte finir dans tant de simplicité et de fioritures. Heureusement qu’il se suffit à lui-même et que nul n’est besoin de se l’entendre déclamer pour en apprécier la saveur et pour vouloir s’y replonger.

 

F.

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