« Délivrez Proust ! » de Philippe Honoré par la Compagnie Philippe Person

La langue de Proust, on la connaît, mais surtout pour ses défauts. Le but du spectacle est d’aller à l’encontre des préjugés et de mettre ses écrits à portée de tous. Si la première « scène » ne semble pas remplir sa fonction, car très pédante, les angoisses du spectateur sont vite envolées.

Voyage à travers l’œuvre de Proust, et donc à travers le temps, les deux acteurs s’attachent à reproduire devant nous l’ambiance de l’époque. Il s’agit aussi de devenir familier avec l’auteur, en en connaissant ses écrits, mais aussi sa personnalité : mondain, maladif, observateur La Bruyèresque.

Les personnages défilent les uns après les autres, montrant un échantillon des sept tomes de La Recherche. On évite avec soulagement le passage de la madeleine, trop entendu, et on en découvre d’autres, savoureux. Les phrases, énoncées oralement, sont moins longues, plus chantantes et mieux mises en valeur.

Pourtant, l’envie ne nous tiraille pas de relire l’ensemble. C’est probablement dû aux acteurs, très décevants. Les différents rôles qu’ils endossent sont surjoués, et accompagnés par un trop-plein de gestes et de grimaces. La parole n’est non pas partagée entre les deux, mais enchaînée sans l’ombre d’une complicité.

Dommage, car le texte de Philippe Honoré est très habile, bien que décousu. Il fait resurgir les morts sur scène : Virginia Woolf et Marguerite Duras. Intéressantes rencontres si l’on se contente de ne s’intéresser qu’au texte et non pas à sa déclamation. Trop de pathos est exprimé, surtout pour l’Anglaise, quand ce qui est dit se suffit à soi-même (l’actrice en vient même à se moucher une fois que le comédien a repris la parole…).

Aussi, le fait qu’on soit douze dans la salle, dont deux ronfleurs, n’incite pas forcément à une vision positive. Mais même avec une salle pleine, les éloges qui vendent le spectacle sont démesurés. Le spectateur s’attendait véritablement à devenir un inconditionnel de Proust en rentrant dans la salle. Au sortir, il en a un peu appris sur l’auteur mais on ne lui a pas donné la curiosité de lire, celle qui fait qu’un spectacle est réussi.

F.

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